Quels sont vos meilleurs souvenirs de Cannes?
Quand je suis reparti avec mes amis, nous avons traversé une zone désertée du littoral entre Cannes et Monaco. C’était pendant l’heure bleue et il s’est mis à pleuvoir. On s’est garés sur le bas-côté pour admirer la Méditerranée. On voyait la mer se fondre dans le ciel à l’horizon. Guang, mon directeur de la photographie, a aperçu un tout petit bateau au large, qu’il a essayé de nous décrire. On était cinq ou six. Certains ont vu le bateau et d’autres, non. Moi, je me demandais où il était. Guang me l’a pointé du doigt et j’ai cru l’apercevoir au loin. Le temps s’est arrêté à cet instant précis, on a basculé dans la magie. Nos vies ne sont-elles pas remplies d’innombrables moments comme celui-là? Ça peut paraître un peu abstrait mais c’est de loin le meilleur souvenir que je garde de ce voyage. Cela dit, j’ai été très impressionné par le Festival et c’est une expérience inoubliable.
Quelle a été votre première reaction lorsque vous avez remporté la Mention spéciale du Court Métrage au Festival de Cannes 2018?
J’ai d’abord été extrêmement surpris. C’était un résultat très encourageant pour mon équipe et moi. Pour être honnête, regarder des films et visiter Cannes tous les jours suffisait à mon bonheur. C’était déjà une chance d’être ici, alors je ne m’imaginais pas remporter un tel prix. Mais l’ambiance à la fin du Festival et les spéculations des gens autour de moi m’ont rendu un peu nerveux. C’était un peu comme attendre les résultats d’un examen.
Quel a été votre cheminement artistique depuis le Festival?
Beaucoup de personnes m’ont encouragé et m’ont prêté une attention toute particulière. Plusieurs sociétés s’intéressent à mes projets à venir. Pour ma part, je sais précisément ce qu’il me faut pour produire un travail qui me satisfera encore plus. Pendant le Festival, j’ai regardé beaucoup de films du monde entier qui m’ont grandement inspiré. Je vais poursuivre dans la voie que je me suis choisie depuis le début. On the Border a participé à plus de 50 festivals dans le monde. Je pense que c’est essentiellement grâce au Festival de Cannes.
Pouvez-vous nous parler de votre prochain film?
Mon nouveau long métrage s’intitule Striding into the Wind. C’est l’histoire d’un jeune Chinois et de sa vieille Jeep Cherokee. Je veux saisir les sentiments profonds et le rythme de vie d’un jeune homme en pleine adolescence. Il se bat pour découvrir qui il est réellement et de quelle manière il va affronter le monde. Je veux qu’il soit aussi vivant que le pays qui sert de décor à ce film. Le protagoniste n’est pas un “héros”, mais un jeune homme ordinaire qui vit une vie ordinaire à Pékin. Ce pays, ce n’est pas la mystérieuse Chine ancestrale, mais la Chine réelle, la Chine d’aujourd’hui. Ce projet m’enthousiasme énormément et j’espère revenir à Cannes en 2020. Le premier montage est prévu pour fin septembre 2019…