Les Alumnis du Festival de Cannes 2023 : Marlene Emilie Lyngstad, Premier Prix de La Cinef
Flóra Anna BUDA, An PHAM THIEN et Marlene Emilie LYNGSTAD étaient au Festival de Cannes l’année dernière pour y présenter leurs films. Respectivement récompensés de la Palme d’or du court métrage, de la Caméra d’or et du Premier prix de La Cinef, ces trois jeunes cinéastes soudain placés sous le feu des projecteurs, ont vu leurs carrières changer à l’issue de cette édition. Dix mois plus tard, ils reviennent sur leur expérience, leurs meilleurs souvenirs et ce que ces récompenses ont apporté à leur parcours.
Norwegian Offspring, Marlene Emilie Lyngstad
Comment avez-vous réagi lorsque vous avez gagné votre prix au Festival de Cannes ?
Ma réaction immédiate a été la fuite. Je n’avais pas prévu de discours et je me concentrais surtout sur la manière de gérer la situation sur scène. Heureusement, toute l’équipe s’est jointe à moi, ce qui m’a beaucoup aidée. Il y a quelque chose de très étrange dans cette partie compétitive, presque sportive de l’industrie cinématographique que je n’aime pas beaucoup. Plus tard, alors que j’étais au calme, loin des autres, j’ai été très émue de voir que les membres du Jury (que j’admire beaucoup) s’étaient sentis concernés par le film et avaient estimé qu’il méritait d’être récompensé. Cette prise de conscience a généré un sentiment d’euphorie intense que je pense que je passerai ma vie à essayer de retrouver.
Que vous a apporté ce prix ?
Ce prix m’a permis de croire en mon approche et en mon intuition. C’était la preuve que les méthodes que nous avions développées à l’école pouvaient fonctionner. Il m’a également donné le sentiment que mon point de vue personnel sur certaines choses pouvait intéresser les autres et entrer en résonance avec eux. J’avais l’habitude de toujours m’excuser à propos de mon travail. Je craignais que mes intentions soient mal interprétées et perçues comme mauvaises ou « diaboliques ». Ou tout simplement hors de propos et ennuyeuses. Je doute encore beaucoup, mais je sais maintenant que le doute n’est pas dangereux. C’est un élément important de mon approche.
Quels sont vos meilleurs souvenirs de Cannes ?
J’ai assisté à la première de « Fallen Leaves » de Kaurismäki. Un film si beau et si simple. Une des scènes a fait rire toute la salle parce qu’il se moquait des spectateurs cinéphiles. C’était très agréable. J’ai eu l’impression de faire partie d’une époque que je croyais révolue. Il y avait quelque chose de très réconfortant à réaliser que Kaurismäki est toujours là, à faire ses films et à fumer ses cigarettes.
J’ai aussi beaucoup aimé prendre un bain de minuit sur la Croisette avec mon équipe le soir de la Cérémonie de remise des prix !
Avez-vous de nouveaux projets ?
Je travaille actuellement sur mon premier long métrage, dont le titre provisoire est « Cute ». Il traite du grotesque et de la tendresse dans la fascination humaine pour le mignon, et suit une femme qui lutte contre sa dépendance au shopping et à l’accumulation, et qui pose comme une enfant sur un site de camgirls pour joindre les deux bouts. Je réalise ce film avec mes collaborateurs de l’école de cinéma.
Je suis également en train de développer un second long métrage. Il s’agit d’un roadmovie européen sur deux personnes voyageant dans des directions opposées – l’une d’entre elles essaie d’échapper à la douleur, l’autre lutte désespérément pour échapper à l’ennui.
J’ai également tourné un court documentaire il y a un an, sur CPH:Dox. Le projet est en fait une élaboration d’un personnage qui fait une petite apparition dans Norwegian Offspring.