Après des études de cinéma à Göteborg, il réalise en 2004 son premier long métrage, The Guitar Mongoloid. À la lisière du documentaire, le cinéaste y décrit les destins croisés de personnages marginaux dans une cité fictive ressemblant à s’y méprendre à Göteborg. L’humour comme outil de description sociologique se manifeste déjà.
Son court métrage suivant, Autobiographical Scene Number 6882, renferme tous les ingrédients de son œuvre à venir, qui s’affirment dans Happy Sweden, long métrage sélectionné au Certain Regard en 2008. Sa caméra se pose à bonne distance pour mieux observer les comportements humains : petites faiblesses et grands travers provoqués par les dynamiques de groupe sont alors disséqués jusqu’au malaise. Son troisième long métrage, Play, présenté à Cannes, à la Quinzaine des Réalisateurs en 2011, décrit le harcèlement entre différentes bandes de jeunes, et suscite un large débat de société en Suède lors de sa sortie.
Dans Snow Therapy, présenté au Certain Regard en 2014, cette situation prend l’aspect d’une avalanche où un père préfère se mettre à l’abri plutôt que de sauver ses enfants et sa femme : comment assumer l’après, avec la mauvaise foi et la peur de perdre la face ? Telle est la problématique que le réalisateur étudie avec une acidité féroce.
Ruben Östlund creuse ainsi le sillon d’une dialectique provocante qui fait sa signature : une situation initiale pose le cadre d’un examen sociologique où les bas instincts de notre humanité sont passés au crible d’un humour corrosif.
En 2017, dans The Square, il met en fiction une expérience artistique qu’il a menée dans son pays natal. Le film vient brillamment discuter les frontières de l’espace public, de l’art et de notre part animale. Enfin, en 2022, Sans Filtre fait la chronique d’un bateau de croisière pris dans une tempête qui rebat, dans un grand charivari poussant à la nausée, les cartes de la lutte des classes dans nos sociétés occidentales.
Présences au jury
- Président Longs métrages, 2023
- Membre Un Certain Regard, 2016